Pourquoi un nouveau-né peut avoir des difficultés à s’adapter dans les jours qui suivent sa naissance ?
Durant la grossesse, le bébé est bercé en continu par les mouvements de sa maman. Il vit au rythme des battements de son cœur, de ses bruits intestinaux et tous les sons sourds de l’extérieur. Son cordon ombilical se balance doucement sur son ventre. A chacun de ses gestes, il sent les contours de l’utérus. Ce cocon le nourrit et le rassure. Le jour de sa naissance, il quitte son milieu aquatique et découvre un univers aérien, froid, lumineux et bruyant. Il fait alors l’expérience de la pesanteur où aucun contour n’est là pour le soutenir. Et pour la toute première fois, une sensation étrange et désagréable vient lui tirailler le ventre : la faim !
Alors, devant tant de chamboulements, il faudra du temps à ce petit être pour s’adapter à ce nouvel environnement et à tous ces changements. Il aura besoin de retrouver cette bulle de douceur qu’il a quitté, parfois de manière soudaine ou difficile et donc de se sentir rassuré au contact de sa maman et de son deuxième parent, en peau à peau le plus possible.
Qu’est-ce que la nuit de la Java ?
Elle arrive souvent durant la deuxième ou troisième nuit qui suit l’accouchement, que le bébé dorme très peu, veuille téter toutes les heures jusqu’à ne pas vouloir lâcher le sein s’il est allaité et ne se calme qu’au contact de sa maman. Il faut bien se dire qu’il vient de vivre un incroyable bouleversement. Il n’est pas rare qu’il soit un peu « sonné » les 24/48 premières heures et dorme beaucoup. Passé cette phase de récupération, le bébé se manifeste alors davantage et a besoin d’être rassuré.
Pas de chance, c’est pile le moment où la maman ressent une grosse fatigue et a les hormones à fleur de peau. D’un point de vue physique, son estomac passe en 3 jours de la taille d’une cerise (5 ml) à celle d’une noix (25 ml). Ses besoins nutritionnels évoluent alors beaucoup au cours des premiers jours.
Dans le cas d’un allaitement maternel, le colostrum produit les tous premiers jours répond aux besoins du nouveau-né en quantité (quelques ml par tétée). Mais il arrive que le bébé ait besoin de plus de lait sur une courte période qui précède la montée de lait. Il peut donc parfois être utile, sur cette brève période, de complémenter le bébé avec du lait artificiel à l’aide d’un dispositif d’aide à l’allaitement (DAL).
Cette nuit panique souvent les mamans car on n’en parle que trop peu. Personnellement, je suis convaincue que lorsqu’on se prépare à ce phénomène fréquent (mais pas obligatoire), on l’appréhende mieux et on peut se rassurer en se disant que cette étape est normale et transitoire.
Pourquoi le bébé pleure-t-il et comment faire pour l’apaiser dans les premières semaines?
Les pleurs sont les seuls moyens qu’ont les bébés pour s’exprimer et pour manifester leurs besoins. Le bébé peut donc pleurer pour bien des raisons : la faim, le besoin d’être changé, un inconfort quelconque, des douleurs mais aussi tout simplement parce qu’il a besoin d’être rassuré dans les bras de ses parents. Il ne faut donc surtout pas se priver de porter son bébé au maximum dans les premières semaines sans craindre que cela crée des habitudes. On sait aujourd’hui que ce n’est absolument pas le cas, bien au contraire !
Porter son bébé en peau à peau, à bras ou dans un outil de portage (l’écharpe quand il est tout petit) est essentiel pour son bien-être. Une étude a même montré que cela permettait de réduire les pleurs de près de 50% au cours de la journée.
Aussi, certains bébés peuvent avoir un très fort besoin de succion au cours des premiers mois. Au-delà de sa fonction vitale pour se nourrir, la succion permet aussi au bébé de se rassurer et de s’apaiser. Il peut donc être important d’y répondre et de lui permettre de suçoter ses petites mains, ses doigts, vos doigts, votre sein ou une tétine.
Pour un bébé allaité, on préconisera aux parents, dans la limite de l’acceptable pour eux, d’attendre quelques semaines avant de proposer une tétine à son bébé afin d’éviter le risque de confusion sein-tétine.
Il arrive également que des bébés soient très gênés par un réflexe de Moro très prononcé. Il s’agit de la réaction d’un tout petit bébé qui écarte soudainement les bras lorsqu’un bruit fort et soudain vient troubler le calme ambiant ou lorsqu’on le pose dans son lit ou la table à langer, provoquant ainsi chez lui une sensation de chute. Cela peut parfois provoquer des pleurs ou des difficultés pour avoir un sommeil serein. Pour apaiser les bébés, il peut être utile de les emmailloter de manière douce et non contraignante. Cette technique est toutefois réservée aux bébés de moins de 2 mois qui n’ont pas encore de mouvements volontaires.
Pourquoi le bébé pleure-t-il davantage en fin de journée ?
Il est vrai que les bébés ont tendance à réagir plus vivement en fin de journée et à pleurer de manière plus intense. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce qu’on appelle communément « les pleurs de décharge », aussi appelé en France « coliques » lorsque ces pleurs durent plus de 3H par jour durant au moins 3 jours par semaine.
Tout d’abord, au cours de la journée, le bébé est beaucoup stimulé (bruit du quotidien, les balades, les visites de la famille…). Il est donc naturel que le bébé soit plus fatigué et irritable lorsque le jour vient à décliner. Aussi, les bébés allaités peuvent réclamer beaucoup plus le sein en début de soirée.
C’est normal ! D’une part parce que cela les réconforte et d’autre part car la production du lait chez la maman est moins importante en fin de journée. Et puis, du côté de la maman, la fatigue accumulée au cours de la nuit et de la journée peut-être plus difficile à gérer à ce moment-là et ses émotions sont bien souvent à fleur de peau, ce qui rend les pleurs parfois difficilement supportables. Sur ces périodes de la journée, il sera alors important de se relayer le plus possible avec le co-parent.
Malheureusement, il n’existe pas de recette miracle pour calmer son bébé durant ces épisodes de pleurs. Il aura surtout besoin d’être réconforté le plus possible en portage tout contre ses parents (en peau à peau, à bras ou en écharpe) et de téter à volonté.
Il faudra s’armer d’un peu de patience pour passer cette phase délicate, qui généralement, s’atténue vers 3 mois.
Bien qu’aujourd’hui, on encourage les parents à répondre le plus possible au pleurs de leur bébé, il est très important qu’ils soient à l’écoute de leurs propres émotions et ne cherchent pas à calmer leur bébé à n’importe quel prix. Lorsque que les pleurs de son bébé deviennent difficiles à supporter à certains moments de la journée, il est préférable de le poser en sécurité dans son lit ou son transat et de s’isoler quelques instants.
On a le droit d’expliquer à son bébé que c’est difficile et qu’on a besoin de souffler pour mieux revenir ensuite. Les parents doivent pouvoir s’autoriser à prendre ce temps lorsque c’est nécessaire pour eux.
Qu’est-ce que les poussées de croissance et comment les gérer ?
Au cours de sa première année, le bébé va quasiment tripler son poids de naissance et acquérir une quantité incroyable de nouvelles compétences motrices, intellectuelles et émotionnelles. Jamais plus au cours de sa vie, il ne grandira autant ! A certaine période, ce sera plus marqué qu’à d’autres et cela aura des répercussions sur son comportement au quotidien.
Pour bien grandir, il a besoin d’augmenter régulièrement ses apports nutritionnels. C’est pour cette raison qu’il peut y avoir des phases où il va avoir besoin de téter régulièrement pour répondre à ce besoin qui évolue. Lorsqu’un bébé est allaité au sein, il faudra parfois quelques jours pour que la production de lait s’adapte en quantité et donc de retrouver un rythme des tétées moins fréquentes.
Pour un bébé nourrit avec du lait artificiel, cela correspondra à des périodes où il finira tous ses biberons et aura besoin d’augmenter ses quantités de lait.
C’est donc tout à fait naturel que, sur ces périodes, le sommeil soit très perturbé et que les parents se sentent épuisés. Ses poussées de croissance peuvent également rendre le bébé plus grognon, irritable voire inconsolable. C’est normal ! Toutes les découvertes et acquisitions qu’il apprend à gérer peuvent l’inquiéter et le déstabiliser. Il aura alors besoin de réconfort, de patience et d’attention.
Même si on ne peut pas les prévoir au jour près et que chaque enfant va réagir à sa manière face à ces changements, elles surviennent souvent :
- Entre 6 et 10 jours de vie
- 3 semaines/ 6 semaines +/- 9 semaines
- 3 mois/ 6 mois / 9 mois
- 12 mois/ 18 mois et 24 mois
Que les parents se rassurent ! Ces poussées de croissance ne durent en général que quelques jours (entre 1 et 4 jours). Il faut donc s’armer d’un peu de patience puis répondre aux besoins nutritionnels et affectifs du bébé. Toutefois, en cas de doute, si le bébé semble être douloureux ou gêné par quelque chose, il ne faut pas hésiter pas à consulter son médecin.
Des astuces pour aborder le plus sereinement possible ces premières semaines loin d’être un long fleuve tranquille ?
La fatigue, conjuguée au raz-de-marée hormonal et émotionnel de la maman, ainsi que les inquiétudes et questionnements face à ce petit être qu’il faut apprendre à connaître, peuvent rendre les premiers jours et semaines difficiles.
Le premier conseil que je peux donner aux jeunes parents et plus particulièrement aux jeunes mamans, c’est « reposez-vous autant que possible ! ». Cela peut paraître logique mais on sait que ce n’est pas toujours évident quand on a le quotidien à gérer.
Il me semble aussi essentiel de se faire confiance et d’éviter de se mettre trop de pression. Je sais que ce n’est pas toujours simple, surtout quand il s’agit de son premier enfant. Je suis absolument convaincue qu’il y a autant de manière de s’occuper d’un nouveau-né qu’il existe de parents et de bébés. Le parent parfait n’existe pas.
Ainsi, il ne faut pas hésiter à laisser de côté ce qui n’est pas indispensable au quotidien ou déléguer au maximum (ménage par exemple). L’essentiel pour un bébé, c’est sa maman. Il est donc très important de prendre soin de soi et de se chouchouter dans les semaines et mois qui suivent l’accouchement.
Pendant la grossesse, j’invite souvent les futurs parents à se préparer des petits plats en quantité et de les stocker au congélateur. Aussi, on peut remplir les placards de petites douceurs qui feront du bien au corps, au cœur et au moral. Ils seront ravis de les retrouver et de se faire plaisir lorsque bébé sera là.
Enfin et surtout, il est absolument primordial de ne pas rester seul face à ses doutes et ses inquiétudes. Il ne faut donc pas hésiter à solliciter l’aide et les conseils de personnes ressources ou de professionnels de santé et de l’accompagnement parental qui pourront rassurer les parents et leur donner des clefs pour profiter sereinement des premiers mois de leur bébé.
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